mercredi 23 mars 2016

L’art plus fort que la terreur : Kin No Kokoro de Jean-Michel Othoniel.



Jean-Michel Othoniel, Kin No Kokoro, photographies ©Koichiro MATSUI 
L’art est plus fort que l’obscurantisme et la haine. Kin No Kokoro, la sculpture monumentale de Jean-Michel Othoniel installée de manière permanente dans le Mohri Garden à côté du Mori Art Museum le prouve. Tokyo est en ce moment entourée de cerisiers en fleurs. Un moment magique de l’année que les japonais nomment Hanami.

lundi 14 mars 2016

La librairie Paul Jammes “Gloire à l’Imprimerie”

Librairie Paul Jammes, livres rares et anciens, 3 rue Gozlin, Paris VI
Vitrine de la librairie Paul Jammes, Gloire à l’Imprimerie, Les Estienne
Vitrine de la librairie Paul Jammes, Gloire à l’Imprimerie, l’Imprimerie royale
Vitrine de la librairie Paul Jammes, Gloire à l’Imprimerie, l’Imprimerie royale
Photographies : Alice Bénusiglio
La sublime librairie Paul Jammes présente dans ses vitrines un florilège de livres précieux édités par l’Imprimerie royale et les imprimeurs Estienne. Libraire de livres anciens comme ses parents, collectionneur passionné, éditeur et historien de la photographie, André Jammes est également l’auteur d’ouvrages sur les techniques d’impression, la typographie, la calligraphie et de travaux sur les papiers dominotés. Il met en lumière à travers “Gloire à l’Imprimerie” l’humanisme de la Renaissance avec une Bible et des ouvrages scientifiques édités pas Les Estienne. La famille Estienne, famille d’imprimeurs, est originaire de Provence et s’installa à Paris à la fin du XVe siècle. Vers 1505, elle s’installe à Paris, dans le quartier Saint-Jacques. Cette famille illustre, résume en elle seule, l’érudition et la science grammaticale de XVIe siècle. cf. Wikipédia.
La seconde vitrine expose des joyaux de l’Imprimerie royale avec notamment le livre des Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand, cet ouvrage magistral entièrement dédié à la gloire de Louis XIV, a nécessité le savoir-faire des meilleurs artisans du royaume. Une nouvelle typographie royale fut spécialement créée : le caractère Romain du Roi.

Librairie Paul Jammes, Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand
André Jammes précise dans l’avant-propos du livre Le romain du Roi, la typographie au service de l’État, 1702-2002 :
“Une telle production ne pouvait être laissée au hasard de l’inspiration d’un « artisan-artiste » et c’est une commission, véritable petite académie typographique qui statua sur les formes que devaient prendre les nouveaux types,  « les romains du roi », gravés par Grandjean. Cette entreprise est sans équivalente dans l’histoire de l’imprimerie, néanmoins, la nature de certaines discussions qui nous sont parvenues, grâce à ces documents manuscrits, peut nous éclairer sur les problèmes généraux qui se sont posés aux typographes de tous les temps. Les travaux de ce comité scientifique avaient pour but principal le renouvellement de la typographie de l’Imprimerie royale afin de conduire à bien l’impression des Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand. Un conseil d’érudits, la « Petite Académie », préfiguration de l’Académie française, procédait au choix des sujets des médailles, des textes historiques et des devises ainsi que des inscriptions à graver sur les médailles qui devaient être reproduites dans le livre. Parallèlement à la Petite Académie, un comité de « techniciens », qui plus tard seront intégrés à l’Académie des sciences, était chargé de décrire les arts et métiers en commençant par l’imprimerie. C’est ce comité scientifique qui sera élargi et présidé par l’abbé Bignon qui décidera des formes que les nouvelles lettres devront adopter. Membres de la commission Bignon :
– L’abbé Bignon (1662-1743) organise et réforme les académies. Auprès de cet abbé travaillent cinq personnages :
– Gilles Filleau Des Billettes (1634-1720) est technologue et travaille à la description du métier d’imprimeur.
– Jean Truchet, en religion le Père Sébastien (1657-1729) est savant, mathématicien et technologue.
– Jacques Jaugeon (1646-1724) est technologue, attaché à la description des arts du livre. Il sert de secrétaire à la commission.
– Louis Simonneau (1654-1727) est graveur sur cuivre. Il joue un rôle essentiel dans l’élaboration du grand livre des Médailles, il grave les encadrements dessinés par Bérain. Son rôle dans l’élaboration des caractères royaux est difficile à déterminer, mais il est certain que la gravure sur cuivre, et notamment les livres entièrement gravés, à l’imitation des manuscrits, ont exercé une influence sur les décisions esthétiques du comité Bignon ; Simmoneau a pu se faire l’avocat de cette tendance novatrice.
– Jean Anisson (-1721) est libraire imprimeur. Il est nommé à la tête de l’Imprimerie royale et appartient à une très puissante dynastie d’imprimeurs. Son expérience sera sans doute déterminante lors des arbitrages, entre les théoriciens de la construction des lettres et les praticiens liés aux contraintes de l’atelier.
– Philippe Grandjean (1665-1714) est graveur de poinçons. Il doit se plier aux exigences de Bignon et des membres de la commission, pour qui il exécute de nombreux essais et variantes de caractères, avant l’adoption des formes définitives. Doué d’un talent remarquable, on lui doit l’essentiel du succès des romains du roi, sans qu’il soit possible d’évaluer les limites de la liberté dans laquelle il pouvait exercer son habilité.”
Librairie Paul Jammes. Antoine Benoist, Portraits de Louis le Grand suivant ses âges (1720?). Gravure réalisée par Charles Louis Simonneau l’aîné.
Librairie Paul Jammes, Louis Luce, Épreuve du premier alphabeth droit et penché, Paris, Imprimerie royale, 1740.
In-32 de 8 ff. Reliure de l’époque maroquin rouge, tranches dorées.
“C’est le plus petit caractère gravé en France à cette époque. Il est diminué d'un tiers par rapport à la sedanaise gravée vers 1625 par Jean Jannon à Sedan. Cet exploit ne sera renouvelé que par William Pickering vers avec son caractère «diamond» et par Henri Didot au milieu du siècle suivant. Les ornements gravés par Luce sont composés de différentes pièces ou morceaux qui peuvent s'arranger de plusieurs façons. Louis Luce est resté au service de l’Imprimerie royale jusqu'à sa mort en 1774. En 1771, il a publié son Essai d'une nouvelle typographie. Ce spécimen de format très réduit (10,5 x 6,8 cm) contient non seulement les nouveaux carctères, mais la collection des cadres, filets et ornements. Le premier et le dernier feuillet en forme de couverture décorée montrent ces nouvelles vignettes de fonte.” extrait du livre Collection de spécimens de caractères 1517-2004 édité par la Librairie Paul Jammes et les Éditions des Cendres.

www.librairiejammes.com

mercredi 17 février 2016

Björk photographiée par Nick Knight, stylisme Katy England, AnOther Magazine S/S16




Magnifique shooting réalisé pour AnOther Magazine S/S16. “We publish an exclusive preview of Nick Knight and Katy England's cover story for AnOther Magazine S/S16, in which renowned nonconformist Björk is transformed in a series of decadent face applications by Peter Philips for Dior. Photography : Nick Knight Styling : Katy England”
http://www.anothermag.com/fashion-beauty/8393/the-full-shoot-bjork-by-nick-knight-and-katy-england http://showstudio.com/project/red/editorial_gallery

vendredi 5 février 2016

Robert Mapplethorpe, XYZ, un hymne au pénis !

Robert Mapplethorpe, XYZ curated by Peter Marino, Galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais
Robert Mapplethorpe, Self Portrait, 1988, Galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais
Robert Mapplethorpe, XYZ curated by Peter Marino, Galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais
Robert Mapplethorpe disait : “Je recherche la perfection dans les formes. Je le fais avec les portraits. Je le fais avec les bites. Je le fais avec les fleurs”. Cette citation illustre l’exposition XYZ commissionnée par Peter Marino, architecte et designer américain possédant la plus grande collection privée de photographies de Mapplethorpe. L’architecte a décidé de revisiter les thèmes qu’il considère comme fondamentaux dans l’œuvre de l'artiste s’inspirant du fameux portfolio intitulé XYZ (X pour les photographies de sexe, Y pour les natures mortes florales et Z pour les nus masculins). Soyons honnêtes ! les compositions florales du photographe sont élégantes, mais ce n’est pas ce que l’on retient de l’exposition. XYZ est un hymne au corps de l’homme avec une focalisation sur son appareil génital, présenté comme objet de désir et de contemplation dans tous ses états. Les premières photographies pornographiques et sadomasochistes présentant des sexes harnachés avec une quincaillerie propice à la torture ne sont pas ma tasse de thé. En revanche, les nus masculins m’intéressent. On passe de la pornographie à l’érotisme le plus abouti. Le corps de l’homme est sublimé comme une sculpture sensuelle de chair et d’os. Le grain de la peau, les muscles, la pilosité, le sexe transcendent l’image, magnifiés par une lumière révélant chaque détail.
Dans une interview de Thibaut Wychowanok pour Numéro, Peter Marino dit à propos de Mapplethorpe : “Son travail faisait écho, entre autres, à la révolution sexuelle des années 70, mais sa sincérité le rend éternel. Lorsque vous regardez l’une de ses photographies, vous entrez en connexion avec le sujet – qu’il s’agisse d’un chien ou d’un corps nu. Vous êtes envahi par des émotions profondes. Et ces sentiments humains sont immuables. Robert Mapplethorpe nous permet d’atteindre la vérité des êtres, des choses et du monde. Ses œuvres parlent à notre humanité, à notre capacité de percevoir et de ressentir la beauté.”

à lire aussi : Mapplethorpe et sa photo de l’homme au sexe en vadrouille, une histoire un peu raide par Emmanuel Tellier

XYZ Curated by Peter Marino, jusqu'au 5 mars 2016, galerie Thaddaeus Ropac, 7 rue Debelleyme 75003 Paris.
https://www.ropac.net/exhibition/xyz-curated-by-peter-marino

samedi 23 janvier 2016

Typograhie, direction artistique et photographie sur le nouveau portfolio d’Alice Bénusiglio

Nouvelle année, nouveau site ! Vous pouvez découvrir mes créations typographiques, graphiques et photographiques sur http://alicebenusiglio.com/. Excellente année 2016 à tous, pleine de couleurs et de créativité.

lundi 11 janvier 2016

Adieu David Bowie

Illustration Helen Green
Tristesse en apprenant le décès de David Bowie ce matin. Ce chanteur aura su se renouveler tout au long de sa vie en remettant en question sa production musicale et son image à chaque nouvel album. Son dernier disque Blackstar, débridé, proche de la new wave et du free-jazz montre une fois de plus la richesse de cet artiste inclassable.


Encore disponible 2 jours en replay : david-bowie-lhomme-cent-visages-ou-le-fantome-dherouville/diffusion-du-06-01-2016

jeudi 17 décembre 2015

Les Aventuriers de l’Art Moderne, par Amélie Harrault, Pauline Gaillard et Valérie Loiseleux

Maquette de Vincent Pianina et Lorenzo Papace, réalisateurs du générique de la série
Bohème (1900 – 1906) © Silex Films/Financière Pinau
La bande de Picasso © Silex Films/Financière Pinau
La bande de Picasso © Silex Films/Financière Pinau
Coup de cœur pour Les Aventuriers de l’Art Moderne, une somptueuse série de documentaires réalisés par Amélie Harrault, Pauline Gaillard et Valérie Loiseleux. “Mêlant documents d’archive et techniques d’animation traditionnelle (peinture sur verre, papiers découpés, encre, gouache...), Les aventuriers de l’art moderne raconte la vie intime des artistes et des intellectuels de la première moitié du XXe siècle. Par son approche audacieuse, novatrice et visuellement splendide, la série révolutionne le documentaire d’art : les peintures en mouvement, les dessins, les archives animées servent le propos, ajoutant une émotion visuelle à celle de l’histoire. Scandales, célébrations, tragédies et triomphes : sous le pinceau, le documentaire se transforme en tableau vivant. À travers ces photos animées et ces peintures mouvantes, Picasso, Apollinaire, Soutine, Breton et les autres aventuriers de l’art moderne ressuscitent, d’une manière troublante et magnifique.”
Le site Les Aventuriers de l’Art Moderne

mardi 15 décembre 2015

Pégase et Icare, Alexis Gruss et Les Farfadais

Alexis Gruss, Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
Pegase et Icare est un spectacle féérique et étincelant qui réjouira les petits et les grands. Il incarne l'excellence du cirque traditionnel mêlant les arts équestres et aériens. Alexis Gruss, maître écuyer de la quatrième génération d’une grande famille française d’écuyers, est avec ses enfants et petits-enfants le dépositaire et le continuateur d’un répertoire et d’un savoir-faire exceptionnel dans les arts équestres. La famille Gruss s'est associée à la compagnie Les Farfadais fondée par les frères Haffner. Cette dernière est composée d'artistes acrobates accomplissant des danses aériennes, glamour et sensuelles. Ce spectacle entre ciel et terre est une interprétation flamboyante de la mythologie liée à Pégase et Icare.

La déesse Athena, Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
La valse aux rubans de 6 étalons d’Alexis Gruss, synchronisée à la prestation aux tissus aériens des Farfadais,
Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
Extrait du dossier de presse :

“ L’an passé nous avons inauguré une nouvelle dimension dans le spectacle équestre et sa culture en nous produisant, à la faveur de nos premières Equestriades dans le prestigieux cadre du Théâtre Antique d’Orange, en totale symbiose avec une exceptionnelle compagnie d’artistes aériens, Les Farfadais. De notre rencontre est né le spectacle Pégase et Icare. Deux grandes figures de la mythologie grecque qui permettent d’évoquer, en les actualisant, les scènes mythiques d’une antiquité aux racines de notre culture. 300 000 spectateurs ont assuré le succès de cette nouvelle expression de notre art. Six générations d’écuyers Gruss symbolisent Pégase, le cheval ailé. Les Farfadais, quant à eux, comptent parmi les meilleurs acrobates aériens au monde. Ils incarnent superbement Icare, ce héros mythique doté d’ailes d’oiseaux. Quelles meilleures références pour illustrer la symbolique de ce nouveau type de spectacle, qui fait à la fois de la terre et du ciel ses lieux d’expression ? Plébiscité par les spectateurs parisiens l’hiver dernier, Pégase et Icare retrouve Paris du 17 Octobre 2015 au 6 mars 2016 au Bois de Boulogne, avant de partir en tournées à travers la France pour 22 spectacles, dans 11 Zénith, afin de diffuser plus largement sa magie, dans les meilleures conditions de confort pour des milliers de spectateurs en régions. La conquête d’un nouveau public élargi, sera, n’en doutons pas, particulièrement fertile en émotions artistiques partagées, afin que le spectacle vivant demeure au coeur de notre culture européenne ! Permettez-moi de faire mienne cette citation de Victor Hugo :
L’étude du passé et la curiosité du présent donnent l’intelligence de l’avenir.
— Alexis Gruss

www.alexis-gruss.com

vendredi 4 décembre 2015

Le musée du Louvre et Amnesty International présentent Liberté et création du 4 au 6 décembre 2015

Chéri Chérin, Parle menteurs des parties pourritiques, 2011
Exposition Beauté Congo 1926 – 2015 Congo Kitoko,
Fondation Cartier, photographie Alice Bénusiglio
“Cette collaboration inédite entre le musée du Louvre et Amnesty International France marque une volonté commune de s’engager pour la défense des droits humains et notamment la liberté de création. De nombreuses personnalités ont répondu à notre invitation pour venir débattre, nous faire partager leur expérience artistique et présenter un projet de parcours des droits humains dans les salles du Louvre. Ce week-end est organisé à l’occasion de la campagne « 10 jours pour signer », mobilisation mondiale annuelle d’Amnesty International autour de la journée internationale des droits de l’Homme, chaque 10 décembre.”

Dimanche 6 décembre à 14h, Rencontre
« Filimbi, Yen a marre, Balai citoyen : les nouveaux mouvements de jeunesse citoyens en Afrique » Avec Serge Kambale, fondateur du mouvement Lucha (RDC) et Gaétan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest pour Amnesty International. Au Sénégal, au Burkina Faso, en RDC… les autorités en place tentent de se maintenir au pouvoir : mais elles font face à des mouvements exigeant d’avantage de transparence et de démocratie. Certains militants, comme Fred Bauma et Yves Makwambala, emprisonnés en RDC, en paient le prix fort.

Des œuvres de JP Mika et Chéri Chérin seront évoquées.

Tout le programme sur http://www.louvre.fr/progtems/le-musee-du-louvre-et-amnesty-international-presentent-liberte-et-creation

mardi 17 novembre 2015

Joann Sfar, Les gagnants

Joann Sfar, dessin du vendredi 13 novembre
On se souvient du dessin datant du 7 janvier de Joann Sfar “Si Dieu existe, il ne tue pas pour un dessin”. Le dessinateur a encore su trouver le ton juste lors de cette nouvelle tragédie. Le dessin, l'art, la culture, la compréhension de l'autre et du monde sont les seules armes contre l'obscurantisme et la barbarie.

Joann Sfar 3 jours plus tard sur France Inter

vendredi 13 novembre 2015

Erwin Olaf, Waiting, à la galerie Rabouan Moussion

Erwin Olaf, Waiting, Portrait 1, La Défense, 2014 
Erwin Olaf, Waiting, La Défense 1, 2014
Erwin Olaf, Waiting, La Défense 2, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Portrait 1, Nairobi, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Nairobi 3, 2014
Les collectionneurs se pressent dans le magnifique nouvel espace de la galerie Rabouan Moussion pour acheter les photographies d'Erwin Olaf, le plus talentueux des photographes néerlandais. Waiting est le titre du dernier projet artistique d'Erwin Olaf associant installation, photographies et vidéos actuellement exposées à la galerie. L'exposition commence par une petite salle avec d'impressionnants autoportraits du photographe puis continue avec la série Waiting. Chaque photographie d'Erwin Olaf est composée avec tant de soin qu'elle ressemble à un tableau. La qualité du décor, la précision de la lumière, la mise en scène sophistiquée, l'attitude du modèle dirigé comme un acteur, l'atmosphère de solitude souvent mélancolique caractérisent l'univers artistique du photographe. On pense aux tableaux d'Edward Hopper en découvrant la série Waiting, La Défense. Le temps semble figé face à l'attente de ces femmes enfermées dans la solitude. L'esthétique des décors est digne des films de Jacques Tati. Enfant, le photographe adorait regarder Mon oncle et Playtime. Dans une interview du magazine IDEAT, il évoque également son goût pour la peinture “L'influence de Rembrandt transparaît dans mes portraits, par l'intensité des regards et les vêtements sombres. Je ne veux pas décevoir les gens que j'immortalise. La façon dont ils posent est très importante. Je me souviens d'avoir photographié Rem Koolhaas. Il avait quelque chose d'un dictateur soviétique... comme la plupart des architectes !”

Erwin Olaf, Waiting, Portrait 2, Shenzhen, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Shenzhen 2, 2014
Erwin Olaf, Selfportrait, Tar and feathers n°2, 2012
A propos de cet autoportrait (extrait de l'interview du magazine IDEAT, Vanessa Chenaie et Mikael Zikos) : “J'étais en train d'embrasser mon ami à Amsterdam lorsqu'un homme est arrivé et nous a dit qu'on ne pouvait pas faire ça en public, devant son magasin. J'ai alors créé un évènement Facebook en demandant aux gens de s'embrasser comme nous dans la rue. Nous étions en été, donc les Hollandais sont venus en masse et la police m'a appelé. Un journaliste de la presse à scandale m'a poussé à embrasser une fille et, me sentant offensé, je lui ai craché au visage. Puis j'ai fait cet autoportrait en guise de thérapie. Aujourd'hui, les médias cherchent des stars dans tous les domaines, mais je n'ai jamais cherché à attirer l'attention de cette façon. Je préférerais recourir au cinéma pour cela.”
A découvrir également dans le magazine IDEAT spécial Erwin Olaf, une série surprenante intitulée Violence & Fashion avec un sosie d'Anna Wintour franchement drôle.

Courrez voir cette somptueuse exposition Waiting visible jusqu'au 28 novembre à la galerie Rabouan Moussion, 11 rue Pastourelle, Paris 75003. Ouverture exceptionnelle de la galerie le dimanche 15 novembre de 10h à 19h.

erwin-olaf-berlin-la-galerie-rabouan, 2013
erwin-olaf-berlin-hasted-kraeutler, 2013
erwin-olaf-pour-le-vogue-neerlandais, 2013
keyhole-installation-erwin-olaf, 2012
prolongation-The dark Side

samedi 31 octobre 2015

L’importance de la calligraphie à travers l’écriture bâtarde


Calligraphie Alice Bénusiglio

Le lien étroit entre calligraphie, typographie et logotype est souvent méconnu. En travaillant sur les écritures du XVIIe siècle, je me suis intéressée à lécriture bâtarde présente sur les célèbres logotypes de la joaillerie Cartier et de lhôtel Ritz. Lécriture bâtarde incarne lâge d'or de la calligraphie française du XVIIe “Louis Barbedor, le plus éminent calligraphe du règne de Louis XIV, a fait lobjet dune grande vénération et inspiré le respect à ses successeurs, en fixant pour des décennies les règles de la financière et de la bâtarde italienne.” (cf. Mediavilla)

Ce nest pas un hasard si lécriture bâtarde a su traverser les siècles et incarne encore aujourdhui deux des plus prestigieuses enseignes de la place Vendôme.



L'Art d'écrire, Jean-Baptiste Alais de Beaulieu, 1680

L'Art d'écrire, Jean-Baptiste Alais de Beaulieu, 1680
LArt d'écrire, par Alais

jeudi 15 octobre 2015

Quand Marie-Lorène Fichaux rencontre les œuvres de Buren et Varini




Marie-Lorène Fichaux au Palais-Royal / Daniel Buren, Photographies Alice Bénusiglio
Marie-Lorène Fichaux à La Villette / Felice Varini, Photographies Alice Bénusiglio
Voici une série de photographies réalisées pour mon amie Maria-Lorena Fichaux (Marie-Lorène Fichaux aux États-Unis) danseuse soliste au New York City Ballet. Maria voulait poser dans Paris, j’avais carte blanche pour choisir les lieux et les costumes. J’ai pensé aux colonnes de Daniel Buren et aux œuvres de Felice Varini avec encore en tête le magnifique ballet graphique de Wayne McGregor L’anatomie de la sensation. Les chorégraphes Pina Bausch et Jerome Robbins faisaient également partie de nos sources d’inspiration.




mercredi 14 octobre 2015

JR. DECADE. Portrait d'une génération. Derniers jours à la galerie Perrotin.

JR. 28 Millimètres, Portrait d'une génération, Les Bosquets, In the Mist, Montfermeil, France, 2014
Derniers jours pour aller voir DECADE, portrait d'une génération à la galerie Emmanuel Perrotin. L'exposition associe sur une décennie les oeuvres de JR réalisées aux Bosquets à Montfermeil et ses oeuvres relatives à la danse.
L'artiste a réalisé en 2004 une série de portraits de jeunes habitants des Bosquets qu'il a ensuite collés sur leurs immeubles. Parmi ceux-ci, celui de son ami Ladj Ly entouré de jeunes garçons de la cité, pointant sa caméra comme une arme vers l'objectif de JR.
Un an après les émeutes de 2005, l'artiste retourne aux Bosquets avec son objectif de 28 mm pour photographier au plus près les visages des jeunes des cités. Il collera ces portraits dans Paris avec leur nom, prénom et adresse (cf. Portrait d'une génération 2004-2006).
C’est par la pratique de la vidéo que ces portraits refont surface, lorsque le PRU (Projet national de Rénovation Urbaine) inclut en 2012 la destruction de deux barres d’immeubles de la cité des Bosquets. Conscient qu’une partie de la mémoire des lieux va disparaître, JR choisit d’en capter les derniers instants en ayant préalablement collé une vingtaine des portraits de 2006 sur les cloisons intérieures des appartements : portraits d’une génération que l’on voit s’effondrer à l’écran, au fur et à mesure que l’immeuble est grignoté, voué à disparaître.

JR. 28 Millimètres, Portrait d'une génération, B11, destruction #4, Montfermeil, France, 2013
Courtesy Galerie Perrotin, ©JR-ART.NET 
En 2014, alors que JR travaille sur un projet avec le New York City Ballet, l'artiste convainc Peter Martins, directeur du David Koch Theater, de monter une chorégraphie autour de l’histoire des Bosquets et des émeutes de 2005.
Dix ans après avoir fait ses premiers pas à la cité des Bosquets, JR met en scène avec le NYCB l’histoire de son ami Ladj Ly et de sa rencontre avec une jeune journaliste lors des émeutes. Il fait appel à Lil’ Buck, jeune danseur connu pour sa pratique du jookin qui incarnera le jeune Ladj Ly, pour créer un duo avec la danseuse classique Lauren Lovette, qui interprètera la journaliste. La première du ballet Les Bosquets est donnée en avril 2014 avec 42 danseurs du corps de ballet du NYCB. Ce ballet deviendra l'objet du film Les Bosquets à travers une reprise interprétée par les danseurs de l'Opéra National de Paris sur les lieux-même des affrontements en 2005.

Le travail de JR est spectaculaire et courageux. L'artiste réunit deux mondes n'ayant pas l'occasion de se rencontrer. Il porte un regard d'artiste sur la population d'une cité caricaturée par les journalistes. Qui aurait pu croire qu'un jour un artiste créerait une chorégraphie sur le thème des émeutes de 2005 ? Qui aurait pu croire que la cité des Bosquets serait le décor d'un ballet où danseraient le corps de ballet de l'Opéra National de Paris, la danseuse étoile du NYCB Lauren Lovette et le danseur Lil Buck pour un tournage ?
JR réunit la danse et l'art là où on ne les attend pas.


JR, Les Bosquets, New York City Ballet, Avril 2014